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Le 12 mai 2023, la ministre de l’Enseignement supérieur du Québec, Pascale Déry, a lancé un appel à mémoires concernant la réforme de la Politique québécoise de financement des universités. Une quarantaine d’universités, de syndicats, d’associations et d’organismes ont ainsi déposé un mémoire. Le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQO (SCCC-UQO) ainsi que la CSN ont participé à l’exercice.

L’Université du Québec en Outaouais (UQO) a aussi déposé son mémoire. Plusieurs de ses recommandations sont légitimes. D’ailleurs, elles correspondent en grande partie à ce que réclame le SCCC-UQO. Cependant, l’une d’elles nous semble inquiétante. Ainsi, l’UQO réclame que la subvention gouvernementale soit maintenue en cas de conflit de travail.

Or, la perte de revenus pendant un conflit de travail, autant pour les travailleuses et les travailleurs que pour une entreprise, est un élément essentiel du rapport de force. Ainsi, tous ont un intérêt économique à éviter une grève ou un lock-out. Ce que l’UQO demande dans son mémoire, c’est l’absence de baisse de revenus, ce qui lui permettrait d’entretenir un conflit de travail à coûts nuls.

Pourtant, le monde universitaire québécois connaît une certaine paix industrielle. Exception faite de la longue grève des tutrices et tuteurs de la TÉLUQ en 2018 et, dans une moindre mesure, celle des professeures et des professeurs de l’Université Laval en 2023, les longs conflits de travail sont relativement peu fréquents. 

C’est également le cas à l’UQO où les conflits de travail sont relativement rares. Ce n’est pas la grève de 10 h des professeures et des professeurs en 2018 qui démontrerait le contraire. Ainsi, nous pouvons nous demander d’où vient cette idée de l’Université de vouloir garantir ses revenus en cas de conflit de travail. Pour sa part, le SCCC-UQO n’a connu qu’une seule grève en 30 ans d’existence. Pourquoi? Parce que la grève demande un sacrifice énorme de la part des travailleuses et des travailleurs. C’est pourquoi on la surnomme « le moyen de pression ultime ». 

La fin de la paix industrielle?

Maintenir la subvention en cas de grève ou de lock-out est susceptible de déséquilibrer le rapport de force au profit de l’Employeur. S’il n’y a pas pertes de revenus, pourquoi alors régler rapidement un conflit de travail? 

Le SCCC-UQO a adopté, le 28 février dernier, un mandat de grève générale illimitée. Ce mandat n’a pas été appliqué car, dès le lendemain, une entente de principe survenait entre l’Université et le Syndicat. Si les règles budgétaires avaient été différentes, l’UQO aurait-elle laissé durer un conflit de travail? Le mémoire déposé semble répondre en partie à cette question.

Nous croyons donc qu’une éventuelle récupération des subventions en cas de grève ou de lock-out intensifierait les conflits de travail, autant dans leur nombre que dans leur durée. Une telle situation ne serait évidemment pas dans l’intérêt des étudiantes et des étudiants!

En somme, nous espérons que la ministre Pascale Déry ne sera pas réceptive à cette demande de l’UQO. La subvention gouvernementale doit servir à l’enseignement supérieur, à la recherche et à la création. Elle ne doit, en aucun cas, servir à entretenir une grève ou un lock-out.

Nicolas Harvey
Vice-président aux communications du SCCC-UQO