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Le quinquennat du recteur Harrisson, qui s’est déroulé de 2015 à 2020, a été marqué par des tensions historiques à l’intérieur des murs de l’UQO. Des cinq syndicats, quatre ont obtenu un mandat de grève et deux qui l’ont mis en exécution. Le bras de fer avec le Syndicat des professeures et professeurs (SPUQO) s’est judiciarisé. L’image de l’Université s’est détériorée, et nous avons assisté à une baisse d’inscriptions.

C’est donc avec intérêt que nous attendions la sortie de son ouvrage Un rectorat sous tension. Nous pouvions nous attendre à un bilan critique de son administration, histoire de laisser à ses successeurs des mises en gardes afin de ne pas répéter les mêmes erreurs. Or, c’est plutôt la plume revancharde d’un ancien recteur toujours aussi dépassé par les évènements que nous pouvons retrouver dans ce livre.

L’ouvrage est composé de deux parties. La première s’intitule « La tête dans le futur » où il y expose ses projets et sa vision, autant du point de vue des immeubles, des programmes et des services aux étudiantes et aux étudiants. Il y revient notamment sur la gestion des violences à caractère sexuel. Rappelons-nous que cette gestion avait été critiquée et médiatisée. Elle a culminé par le boycottage du Comité consultatif par trois organisations syndicales et par la démission de six représentantes au Comité. Il semble pourtant que Denis Harrisson se considère irréprochable dans la gestion de la crise. Par exemple, il attribue au « radicalisme » l’échec de son Comité consultatif sur les violences à caractère sexuel. Or, si trois syndicats ont claqué la porte au Comité, c’est bien pour des motifs de gouvernance : composition secrète des sous-comités, non-rémunération des membres, secret imposé dans les délibérations, nominations arbitraires, etc. En aucun cas, ces démissions n’ont été justifiées par une divergence d’opinions dans les mesures à entreprendre.

La seconde partie de l’ouvrage est nommée « Les pieds dans le présent ». Nous aurions trouvé plus juste de la nommer « Les pieds dans les plats ». On peut considérer cette partie comme étant majoritairement une attaque contre le SPUQO, où les mots sont extrêmement durs : « volonté de construire une altérité », « la colère et la rancoeur semblaient être leurs conseillères », les rencontres se « concluaient souvent par des menaces de recours et des tentatives d’intimidation contre les membres de la direction », etc.

Harrisson livre une bataille au SPUQO sur plusieurs fronts : les relations de travail, la négociation, la collégialité, la gouvernance, le budget, etc. Il revient sur les exclusions au Conseil d’administration de l’UQO et ses défaites en arbitrage.

Le SCCC-UQO n’est pas en reste. Harrisson affirme pourtant comprendre le malaise des personnes chargées de cours, bien qu’il ne cautionne pas les méthodes de leur syndicat : « Souvent mal préparé, il fonçait en s’ajustant progressivement. Ses représentants n’en étaient pas moins des adversaires redoutables par la capacité de mobilisation de leurs membres […] le SCCC-UQO, malgré les déficiences de sa rhétorique, avait une meilleure capacité d’appel à la solidarité de ses membres ».

Ce chapitre est toutefois incohérent. Le recteur Harrisson accuse le SCCC-UQO d’être corporatiste. Néanmoins, il affirmait dans la phrase suivante que « les litiges qui nous opposaient portaient rarement sur les conditions de travail! » Plus tard, il affirme que le SCCC-UQO souhaitait négocier sa représentation au Conseil d’administration et sa place en recherche à l’extérieur des périodes de négociations de la Convention collective. Or, ces demandes étaient basées sur des ententes survenues à la table de négociation. 

D’abord, la recherche avait été intégrée à l’article 2.06 : « L’Université reconnait l’importance et la valeur des activités de recherche et de création en milieu universitaire. Les personnes chargées de cours, qui œuvrent en recherche et création, sont des acteurs importants qui contribuent à son rayonnement dans la société ». Après que l’Université a librement consenti à ratifier cet article, comment peut-elle s’étonner que le Syndicat réagisse lorsqu’elle exclut les personnes chargées de cours du Comité d’organisation et du Comité scientifique de l’ACFAS, qu’elle leur refuse la certification éthique des projets de recherche ou qu’elle les empêche de diffuser leurs travaux de recherche dans leur page institutionnelle de l’UQO?

Ensuite, les discussions pour nommer une seconde personne chargée de cours au Conseil d’administration devaient se poursuivre après la négociation. Tel en était convenu dans la lettre d’entente numéro 5. Bref, certains se questionneront sur la bonne foi du recteur en faisant de telles affirmations. Nous croyons, pour notre part, qu’il n’était pas de mauvaise foi. Il a cependant démontré à plusieurs reprises des lacunes dans la maîtrise de ses dossiers.

D’autres exemples d’inexactitudes ont été relevés. Harrisson mentionne que les libérations syndicales étaient au cœur des demandes syndicales. Or, c’est faux. Elles étaient au cœur des demandes patronales, car la direction demandait à ce qu’elles soient portées de 22 charges à 7 par année. Était-il au courant des demandes inadmissibles de son Comité de négociation? S’y intéressait-il ou consacrait-il toute son énergie à régler ses comptes avec le SPUQO?

En somme, l’ouvrage de Denis Harrisson a une qualité. Il montre les intentions et les arguments d’un recteur isolé et dépassé par les événements. Toutefois, l’autocritique ne semble pas dans ses habitudes, sauf peut-être dans une note de bas de page portant sur la vidéo de l’UQO traitant de la tenue vestimentaire des femmes.

Nicolas Harvey
Vice-président aux communications
Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQO