fbpx
819 773-1692 accueil@sccc-uqo.ca

La controverse entourant la chargée de cours de l’Université d’Ottawa Verushka Lieutenant-Duval a marqué les esprits. Le débat a été vif au Québec menant à la Commission Cloutier ainsi qu’à l’adoption de la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire. La communauté universitaire était d’ailleurs divisée sur l’opportunité d’adopter une telle loi. De son côté, le SCCC-UQO a toujours défendu l’idée d’un encadrement juridique en autant qu’on se prémunisse contre d’éventuelles ingérences provenant du pouvoir politique.

La question est désormais de savoir ce qui menace cette liberté académique. Les cas les plus médiatisés impliquaient une « censure » provenant du « communautarisme de gauche », appelé également « gauche identitaire » ou « mouvement woke ». Plus récemment, Radio-Canada a été condamné par le CRTC après que Simon Jodoin ait cité à plusieurs reprises l’ouvrage de Pierre Vallière Nègres blancs d’Amérique. Rappelons que cet ouvrage a marqué l’histoire des idées politiques au Québec. Simon Jodoin n’est pas universitaire. Toutefois, le débat sur la liberté d’expression dépasse notre milieu de travail.

Ainsi, le débat entourant le communautarisme de gauche acquiert une grande attention médiatique. Pourtant, ce mouvement intellectuel n’est pas monolithique. Les cultural studies ont contribué à des avancées importantes en sciences sociales. L’idée de bannir certains concepts ne fait pas consensus lorsque ces concepts sont utilisés pour décrire et non pour insulter. Bref, contrairement au discours du Gouvernement du Québec, le combat pour la liberté académique n’est pas un combat contre les « wokes ».

Au-delà du débat médiatique, mentionnons que la majorité des attaques contre la liberté académique vient d’ailleurs. Cet été, nous apprenions que deux professeurs de l’Université Laval ont été suspendus sans solde pendant huit semaines pour avoir critiqué les vaccins contre la COVID-19. L’un était professeur au Département de biologie et l’autre, au Département de microbiologie-infectiologie et d’immunologie. Que l’Université Laval se dissocie de l’opinion de ces professeurs est normale. Que l’Université Laval s’assure que leurs enseignements soient exempts de données non scientifiques, voire antiscientifiques, va de soi. Cependant, suspendre ces professeurs pour un délit d’opinion est fortement problématique.

En somme, nous ne pouvons défendre la liberté d’expression et la liberté académique que lorsque cette expression concorde avec nos idées. L’université doit rester un lieu de débat. Les personnes remettant en question le vaccin ou utilisant le mot en n devraient pouvoir le faire. Elles seront alors susceptibles de faire face à la critique en autant que cette critique se fasse sans censure ni intimidation.

Enfin, les attaques contre la liberté académique sont généralement plus pernicieuses. Elles proviennent souvent des subventions de recherche, notamment celles provenant de l’industrie privée. Les chargées et chargés de cours peuvent vivre ces attaques au quotidien lorsque des départements s’ingèrent dans le contenu de leurs cours ou dans leurs méthodes d’évaluation. Nos collègues des cégeps nous mettent aussi en garde contre la montée en puissance des conseillères et des conseillers pédagogiques qui sont devenus les yeux et les bras de l’Employeur et qui sont susceptibles de compromettre l’autonomie professionnelle.

Nicolas Harvey
Vice-président aux communications du SCCC-UQO