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La COVID-19 a remis en question nos habitudes. Il a d’abord fallu compléter le trimestre d’hiver 2020 de manière équitable pour toutes et tous. Il a aussi été nécessaire de définir un compromis pour développer une offre de cours à l’été 2020. La question se posera également pour le trimestre d’automne 2020. À l’UQO, la formation à distance n’est pas conventionnée. Nous avons donc dû nous entendre avec l’Employeur pour définir certaines règles du jeu, notamment la formation pédagogique, la définition du non-présentiel, la taille des groupes, etc.

À ces questions complexes s’ajoutent celle du financement des universités. Développer des formations en mode non présentiel est susceptible d’augmenter certaines dépenses, spécifiquement par la limitation de la taille des groupes ainsi que par le soutien technopédagogique. Par ailleurs, certains revenus autonomes sont susceptibles de diminuer, tels que ceux liés au Centre sportifs, aux concessions alimentaires ou aux stationnements.

Toutefois, le plus gros défi est celui des étudiantes et des étudiants étrangers. Depuis quelques années, les universités québécoises se sont tournés massivement vers de « nouveaux marchés ». Elles sont encouragées à le faire par la dérèglement des droits de scolarité ainsi que par la subvention gouvernementale. Ainsi, une étudiante ou un étudiant étranger contribue davantage au budget des universités qu’une étudiante ou qu’un étudiant québécois. À l’Université McGill, environ un tiers des étudiantes et des étudiants viennent de l’étranger.

L’internationalisation des universités québécoises a évidemment du bon : ouverture sur le monde, coopération internationale, développement de partenariats de recherche, etc. Toutefois, cette course à la « clientèle étrangère » s’est surtout faite comme une simple ressource financière. Aujourd’hui, les universités sont dépendantes de ces sources de revenus.

La crise de la COVID-19 a fait éclater cette bulle. Comment peut-on exiger des droits de scolarité majorés pour une formation en mode non présentielle? De plus, pour des raisons sanitaires, il y aura probablement beaucoup moins d’étudiantes et d’étudiants étrangers en sol québécois au trimestre d’hiver. Enfin, notons que le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur ne subventionne que les étudiantes et les étudiants présents en sol québécois. Ainsi, une étudiante ou un étudiant pourrait suivre des cours d’une université québécoise depuis l’étranger. Toutefois, cette université ne devrait se contenter que des droits de scolarité, car il n’y aurait pas de subvention de Québec.

Des solutions?

Tout cela montre deux choses : que les universités québécoises sont sous-financées et que le recours à la « clientèle étudiante étrangère » a été faite pour compenser ce sous-financement. La solution vient par l’injection de nouveaux fonds dans les universités. Toutefois, il faut absolument éviter le piège d’une compensation de la perte de revenus provenant de l’absence des étudiantes et des étudiants étrangers. Ce mode de financement fait partie du problème et non de la solution.

Ainsi, nous croyons que Québec doit d’abord donner une subvention d’urgence pour pouvoir mettre en place la formation en mode non présentiel. Québec devrait aussi revoir entièrement son mode de financement afin que ce dernier s’inscrive dans une optique de service public. L’UQO a spécifiquement comme mission de favoriser un enseignement supérieur de proximité. Que l’UQO s’internationalise est souhaitable. Toutefois, l’étudiante ou l’étudiant étranger ne devrait jamais être considéré comme une marchandise servant à compenser le manque de financement public.

Nicolas Harvey
Vice-président aux communications
Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQO