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La concurrence entre les universités existe depuis longtemps. La délocalisation a aussi une histoire ancienne. Pensons à l’Université de Sherbrooke qui a développé un campus à Longueuil, c’est-à-dire à un jet de pierre de l’UQAM. Mentionnons aussi le campus de Lévis de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) qui est venu concurrencer l’Université Laval.

Le nouveau lieu de convoitise se situe sur la couronne nord de Montréal. Cette région, en plein essor démographique, est devenue un champ de bataille dans la course aux étudiantes et aux étudiants.

Depuis 2004, en partenariat avec le cégep de Saint-Jérôme, l’Université du Québec en Outaouais (UQO) est présente dans le chef-lieu des Laurentides. C’est en 2010 que l’UQO a inauguré son véritable campus de Saint-Jérôme. Toutefois, l’UQO n’est pas seule dans ce « marché ». L’Université de Montréal a fondé en 2011 un campus à Laval à proximité de la station de métro Montmorency. Soulignons que l’UQAM est aussi présente à Laval ainsi qu’à Terrebonne, dans la région de Lanaudière.

Enfin, mentionnons que l’UQO a délaissé ses programmes à Mont-Laurier au profit de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT). Nous apprenions récemment que l’UQAT allait poursuivre le développement de son campus laurentien en y proposant un programme complet en enseignement au secondaire, programme qui n’est pas offert à Saint-Jérôme.

Les campus de Gatineau doivent également évoluer dans un monde extrêmement concurrentiel. D’abord, sur l’autre rive de la rivière des Outaouais, les universités Saint-Paul, Carleton et d’Ottawa sont installées depuis bien plus longtemps que l’UQO. À cela s’ajoute l’Université de Sherbrooke qui y a développé son Université du troisième âge et l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) qui y propose de la formation continue en langues.

Cette semaine, nous avons appris que l’Université du Québec à Trois-Rivières souhaitait construire un campus à Terrebonne. Rappelons que l’UQAM est déjà présente dans cette ville et que la couronne nord de Montréal est déjà desservie par l’UQO. Bref, une nouvelle université souhaite venir concurrencer d’autres universités déjà établies. Parfois, il peut être légitime de construire un campus satellite dans une région mal desservie en enseignement supérieur. Nous ne critiquons pas, par exemple, la construction d’un campus de l’UQTR à Drummondville. Cependant, l’offre de programmes dans la couronne nord de Montréal y est déjà diversifiée et l’arrivée d’un nouveau joueur ne peut que vider les campus déjà présents.

Cette course aux étudiantes et aux étudiants est symptomatique de deux problèmes majeurs. D’abord, le mode de financement des universités est établi principalement sur la subvention par étudiant. Ainsi, plus une université aura une population étudiante importante, plus elle sera subventionnée par Québec. Il serait plutôt souhaitable que Québec subventionne les universités dans une optique de services publics. L’UQTR a-t-elle vraiment comme mission d’offrir des cours dans la région de Lanaudière?

Le second problème est tout aussi important. Nous assistons à une guerre entre les constituantes du réseau de l’Université du Québec. Auparavant, ces universités fonctionnaient en complémentarité. Aujourd’hui, nous constatons qu’il n’existe plus de pacte de non-agression. Par exemple, l’UQAC a développé une école de design au centre-ville de Montréal à deux pas de l’UQAM et offre de la formation continue à Gatineau. Maintenant, c’est à l’UQTR de marcher sur les plates-bandes de l’UQAM et de l’UQO. C’est pourquoi nous demandons un moratoire sur la construction de campus satellites dans des régions déjà desservies en programmes universitaires.

Aujourd’hui, toutes les universités du Réseau se lancent dans la course à la formation à distance, ancienne chasse gardée de la TÉLUQ. La prolifération des campus satellites nous laisse croire à une prochaine guerre entre les universités pour aller chercher cette « clientèle étudiante ».

Et l’UQO…

Pendant que la guerre fait rage, nous pouvons observer que l’UQO évolue difficilement dans ce monde extrêmement concurrentiel. Le campus de Gatineau est en perte d’effectifs et celui de Saint-Jérôme est saturé. L’UQO est également en retard dans son offre de formations à distance par rapport aux autres universités. Saura-t-elle surmonter son retard? Si l’Université de Sherbrooke et l’UQAC sont présentes à Gatineau, c’est aussi parce que l’UQO n’a pas réussi à se positionner suffisamment en formation continue.

Au-delà de la concurrence, l’UQO doit aussi offrir un service de qualité. En 2020, la communauté universitaire a été ébranlée à la suite de l’annonce de la fermeture de deux des trois librairies de l’UQO. Ainsi, au campus de Saint-Jérôme, il n’y a plus de librairie universitaire. La direction a justifié le retrait de la Coopsco par une décision d’affaires, conséquence de la baisse des ventes. À cet argument économique, nous pouvons répondre qu’une librairie est un service essentiel à une institution d’enseignement supérieur et de recherche. Évidemment, c’est un coup dur pour l’attractivité de l’UQO! Malheureusement, l’année 2020 commence dans la tourmente pour une université que nous aimons.

Nicolas Harvey

Vice-président aux communications du SCCC-UQO

Nicolas.harvey@sccc-uqo.ca