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Le SCCC-UQO a voté à trois reprises pour la grève générale illimitée. Toutefois, il ne l’a exercé qu’une fois. Cette grève est fort probablement le moment le plus fort de la jeune histoire du SCCC-UQO.

Contrairement au mandat de grève de 2001, celui de 2003-2004 avait été planifié dans le but de l’exercer. Avant même le début de la négociation, cette grève était envisagée. Il est révélateur que la une du Papier d’avril 2003 titrait : « Serons-nous conciliants ou radicaux ? ». Force est de constater que c’est la seconde option qui a été privilégiée.

Cette stratégie a été adoptée davantage pour des enjeux nationaux que locaux. D’abord, une étude de l’Institut de la statistique du Québec démontrait que le salaire d’un professeur, dans l’exercice de l’offre d’un cours, était presque du double de celui d’une personne chargée de cours. Il y avait une volonté de modifier radicalement cette situation. La négociation d’une troisième Convention collective était donc une période de fortes mobilisations des personnes chargées de cours à la grandeur du Québec avec de nombreux mandats de grève dont certains ont été appliqués. De plus, d’autres syndicats avaient fait des grèves précédemment et avaient obtenu des gains importants. Pour que les conditions de travail des personnes chargées de cours ne décrochent pas de celles des autres, la grève devenait inévitable.

De plus, il apparaissait à l’époque que seule une grève était susceptible de forcer Québec à réinjecter de l’argent à l’UQO. En ce sens, le syndicat avait sollicité des rendez-vous avec des députés de la région. Le discours était que les chargées et chargés de cours de l’Outaouais ne devaient pas être moins bien traités qu’ailleurs.

Les demandes syndicales étaient aussi ambitieuses : elles incluaient un rattrapage salarial de près de 35 %. De plus, des actions de visibilité avaient été organisées. Par exemple, le 12 janvier, des militantes et des militants ont distribué des cacahuètes à la communauté universitaire. Ce symbole révélait que les personnes chargées de cours travaillaient pour des peanuts. Après quelques mois de négociation, l’Assemblée générale du SCCC-UQO a adopté un mandat de grève générale illimitée le 30 octobre 2003. Il est d’ailleurs remarquable que 100 % des membres présents à l’AG aient voté en faveur du moyen de pression ultime.

Somme toute, il n’y a pas eu de contestation de la part des membres du syndicat sur l’opportunité de faire une grève. Le mandat de grève était très fort. Toutefois, une fois la grève déclenchée, les membres du Comité exécutif de l’époque percevaient une certaine fatigue. Certains pouvaient exiger un règlement rapide du conflit. Pour d’autres membres, la grève était « le fun » et cette mobilisation a laissé de très beaux souvenirs. Quatre journées de grève isolées ont été tenues avant le déclenchement de la grève générale illimitée le 22 mars 200499 . En ce qui concerne la météo, ce printemps 2004 était typiquement québécois, avec une température très changeante. Rosaura Guzman-Clunes, vice-présidente aux communications de l’époque, a résumé dans le journal Le Papier avec le titre « Les quatre saisons de la grève ».

Les négociations se sont poursuivies une fois la grève déclenchée. Le manque de disponibilités du conciliateur a toutefois ralenti la résolution du conflit. Par ailleurs, l’UQO souhaitait financer les augmentations de salaire par le retrait des frais de déplacement. En effet, une partie importante des personnes chargées de cours habite la région de Montréal et leurs frais de déplacement sont assumés par l’Employeur. Finalement, cette demande patronale a été retirée, ce qui a pu permettre une entente de principe.

Une entente de principe est survenue le samedi 3 avril 2004 à 5 h 45 au matin. Le lendemain, 98 % des membres réunis en Assemblée générale approuvaient l’entente de principe. Dans l’entente négociée, le trimestre n’était pas prolongé et les journées de grève étaient remboursées aux grévistes, en échange de quoi ils acceptaient de récupérer autrement la matière perdue. Bref, cette grève a été couronnée de succès. Les gains ont été spectaculaires!

La rémunération qui est passée d’environ 4 500 $ à 6 350 $ au 1er janvier 2005 et nous aurons environ 6 700 $ au 1er juin 2006; l’intégration, de 8 000 $ à 75 000 $; le perfectionnement de 14 charges en 1999 (environ 65 000 $) à 25 charges en 2005 (environ 160 000 $); toutes les participations aux instances institutionnelles et paritaires qui sont maintenant rémunérées.

Cette grève allait marquer l’histoire du SCCC-UQO, mais aussi de l’UQO. Auparavant, certains ne croyaient pas que le Syndicat pouvait mettre ses menaces à exécution. La grève de 2004 allait modifier durablement le rapport de force. Selon Marc Sarazin, le plus grand acquis de la grève est un changement d’attitude de l’UQO face au SCCC-UQO. « À ce moment-là, on a acquis un respect incroyable. Avant, on ne nous prenait pas au sérieux. Ils nous considéraient comme un petit syndicat comparativement à celui des profs ».

Source : HARVEY, Nicolas, Serons-nous radicaux ou conciliants? Histoire du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQO, Gatineau, SCCC-UQO, 2018, 94 p.