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Nous apprenions le 15 octobre dernier que notre collègue de l’Université d’Ottawa, Verushka Lieutenant-Duval, avait été suspendue pour avoir utilisé le teme « nègre » pendant un de ses cours en vidéoconférence. L’usage de ce terme avait été fait pour illustrer le concept de  « resignification subversive » dans un cours portant sur les théories queer. Il n’y aurait donc eu aucune intention malveillante, discriminatoire ou raciste.

Cet événement pose le problème des limites de la liberté d’expression au nom de la lutte contre le racisme systémique. Reconnaissons d’abord que le racisme constitue un fléau et que les universités doivent contribuer à son élimination. Cependant, nous pouvons nous questionner si l’occultation de phénomènes sociaux est la solution pour mettre un frein au racisme.

Peut-on lire des extraits de Mein Kampf en classe dans le cadre d’un cours sur l’histoire du 20e siècle? Traiter d’antisémitisme en cours n’est pourtant aucunement une approbation de cette doctrine. De surcroît, occulter l’antisémitisme ne le fera pas disparaitre de notre passé, ni de notre présent d’ailleurs.

Bien qu’une aseptisation de l’enseignement ne soit pas souhaitable, nous devons toutefois reconnaître que l’usage de certains concepts ou de certains mots est susceptible de constituer des micro-agressions chez des étudiantes et des étudiants. De plus, soulignons qu’une certaine rhétorique contribue à la perpétuation du racisme systémique. Le corps enseignant ne peut pas ne pas faire preuve de sensibilité lorsque ces thèmes sont abordés en salle de classe. Il serait préférable d’expliquer la démarche pédagogique et de mettre en garde la classe lorsque ces concepts sont exposés.

Au-delà du choix des concepts vus en classe, c’est la constitution d’un « tribunal populaire » qui est inquiétante. Les universités cherchent par tous les moyens à protéger leur réputation. Afin d’éviter tout scandale, notamment sur les réseaux sociaux, elles sanctionnent rapidement et parfois sans discernement. C’est probablement lié au phénomène de clientélisme que nous dénonçons ainsi qu’à la course au recrutement d’étudiantes et d’étudiants. Pourtant, une plainte devrait mener à une enquête où la personne interpellée a la possibilité de se défendre et d’être représentée par son syndicat. 

Et à l’UQO?

Nous considérons que les enseignantes et les enseignants doivent être libres de déterminer quelle est la matière pertinente afin d’atteindre les objectifs d’un cours. La Convention collective des personnes chargées de cours est claire. « Toute personne chargée de cours a la pleine jouissance de ses libertés politiques et académiques qu’elle soit ou non dans l’exécution de ses fonctions à l’Université et, en aucun temps, ses droits prévus ou non à la convention collective ne pourront être affectés à l’Université à cause du libre exercice de ses libertés (article 5.01) ».

Le SCCC-UQO entend ainsi défendre la liberté académique, la liberté d’expression et l’autonomie professionnelle. Ces principes sont au cœur de notre démarche. Malheureusement, les derniers événements amènent un sentiment de peur dans le corps enseignant. C’est probablement plus l’autocensure que les mesures disciplinaires directes qui risque de se mettre en place. En somme, nous sommes de tout cœur avec Verushka Lieutenant-Duval!